rollkur : quand nous restons passifs

 

Rollkur

Quand nous restons passifs

Rollkur (hyperflexion de l'encolure)

 

L'hyperflexion de l'encolure devient dangereusement une façon à la mode de dresser les chevaux dans le monde.

 

La FEI déclare durant une Conférence à Lausanne (Suisse), que non seulement cette façon de dresser les chevaux est inoffensive, mais qu'elle peut être bénéfique lorsque pratiquée par des cavaliers expérimentés.

 

Les lourdes discussions actuelles au sujet du Rollkur sont très intéressantes.  Elles nous font réaliser à quel point et jusqu'où nous sommes prêts à aller dans le but d'obtenir ce que l'on veut...  et, à l'inverse, jusqu'où nous sommes prêts à nous engager pour le bien-être de nos chevaux sous la selle.

 

Pourquoi la FEI est-elle si aveugle au point de ne pas prendre en considération la tension et la douleur flagrante, visible par tous, dans les yeux des chevaux lorsqu'entraînés par cette technique ?

 

Nous pouvons nous poser la question : les cavaliers ont-ils trop pris l'habitude de se regarder le nombril au point de forcer les chevaux à faire la même chose ? Est-ce que nous les laissons faire par ce que nous ne savons pas faire mieux ? Avons-nous oublié ce qui est juste et bon que nous ne faisons plus rien d'autre que lever les yeux et tout accepter passivement ?

 

A côté de cette situation tragico-comique que nous venons de soulever, il subsiste des questions sérieuses sur lesquelles méditer.  Le Rollkur est-il le signe extrême que nous avons perdu notre relation au monde et à son sens ?

 

Pourquoi en sommes-nous là ? Nous adorons tous les chevaux et le dressage, et à cause de notre propre interprétation de l'Amour, nous nous perdons en chemin d'une façon ou d'une autre.

 

De là, nous touchons un tournant dans nos vies avec nos chevaux : allons-nous rester passifs et laisser faire, comme la FEI le fait, ou allons-nous nous lever et dire enfin que cette façon de monter n'a rien à voir avec le dressage, puisqu'elle détruit les allures naturelles du cheval ? Comment pouvons-nous faire réagir les cavaliers, les juges?

 

Beaucoup de dresseurs et de juges sont eux-mêmes victimes du système parce qu'ils voudraient aider, et en même temps, ils veulent protéger leur statut. Au point que la communauté dans son ensemble a atteint un stade confus, pour ne pas dire corrompu. Corrompu parce que d'une manière ou d'une autre ces gens-là savent qu'il y a un problème, mais ils ne font rien pour l'en empêcher. Les chevaux sont vivants, ils ressentent les choses, ils sont sous notre responsabilité et protection, et ils souffrent lorsque nous nous trompons.

 

Cela arrive de se tromper. C'est le fait « de se tromper en toute connaissance de cause » qui est potentiellement bien plus destructeur.

 

Alors pourquoi le Rollkur vient-il d'être accepté comme un système qui marche alors qu'il n'est en réalité qu'un traitement d'urgence pour garder le contrôle du cheval ?

 

Nous sommes entourés par les erreurs et, parmi elles, nous essayons de vivre dans le contentement. Nous sommes devenus « égoïstes » et « aveugles », nous acceptons ce qui est faux parce que c'est « plus facile », et surtout, nous n'avons pas vraiment expérimenté l'autre système, le système Classique en place, celui qui exige de la patience, de l'Amour, de la dévotion.

 

La plupart du temps nous passons sur ce qui est Juste et Vrai, parce que ce n'est pas « populaire », loin s'en faut. Nous sommes dévoués, mais pour les mauvais motifs. Nous acceptons n'importe quoi parce que çà marche. Dans la vie, nous tirons, forçons, talonnons, comme les cavaliers pratiquant le Rollkur. Cela nous fait croire que « l'on a le contrôle ».

 

Le système du Rollkur est faux, non seulement par le seul fait d'exister, mais parce qu'il est « destructeur » et « dangereux », tout comme il est efficace, et  là nous touchons le coeur du problème.  Oui, nous reconnaissons son efficacité, sur le moment. Pour celui qui ne voit pas, cela semble marcher et donner des résultats, des médailles et transforme le calme et l'élégant dressage en un spectacle d'hystérie accompagné d'une forte musique rythmique.

 

Oui, l'hyperflexion tire sur la colonne vertébrale et augmente le degré de soumission et ce que nous attendons des chevaux. Oui, elle augmente l'action relevée des genoux, les trots piqués, les pas électriques, de même que l'excitation et le divertissement pour le public, elle aide les jeunes cavaliers, sans tact, à contrôler des chevaux très chauds, à créer plus de tension. Les mouvements sont précis, « tape-à-l'œil », durs… L'hyperflexion détruit également l'harmonie et oblige les postérieurs du cheval à se ployer brusquement en l'air avant de toucher le sol sans douceur, ne générant aucune énergie quelle qu'elle soit.  Juste un sursaut et un geste de débutant…

 

Oui, il se dégage de la raideur de certaines parties du corps du cheval. Mais alors pourquoi ces chevaux si raides arrivent-ils premiers ?

 

Le système du Rollkur a placé notre mental et celui du cheval hors de l'équation (tout comme les postérieurs). Aucune communion, aucune union, juste des petites parties séparées et excitées essayant chacune de faire mieux que l'autre.

 

Le résultat est un animal (et un cavalier) mal coordonné, disloqué, dont le mental ne fait plus partie de l'ensemble.

 

Pourquoi cela ? Pourquoi sommes-nous si intéressés par le paraître et le divertissement, suivant aveuglément ce que le public veut ? Pourquoi le « divertissement et l'excitation » sont-ils plus importants que l'harmonie et la beauté ?  Ce que le Rollkur a réussi, c'est de faire croire aux cavaliers qu'ils peuvent créer « un endiguement » d'énergie alors qu'en fait, leurs chevaux sont juste compressés, rejetant de l'énergie de gauche à droite et au centre, sans rassembler, leurs cavaliers collectionnant les récompenses sans aucun mérite.

 

Les allures naturelles du cheval nous apprennent que si nous allons à leur encontre, nous allons droit à l'échec. Si nous les détruisons, nous allons droit aux problèmes. Les défenseurs du Rollkur s'en moquent parce qu'ils remplacent facilement ce qu'ils rejettent par quelque chose de nouveau. Ils le font parce qu'ils le peuvent, ils ne payent pas le prix de leurs erreurs, pas encore.

 

Les chevaux sont silencieux, il n'y a pas de doute là-dessus. Et les cavaliers qui « rollkurent », pour leur défense, disent que le Dressage a « changé », que ce sport a besoin d'être plus divertissant, et qu'ils pensent pouvoir y parvenir, ce qu'ils font. Pourquoi voulons-nous baisser la difficulté du dressage et atteindre la popularité, au prix de la vie et de l'harmonie, uniquement pour notre égo ?  Sûrement pour l'argent et le pouvoir, qui ont pris le contrôle du monde.

 

Les défenseurs du Rollkur justifient leurs points de vue en déclarant que grâce à un bon élevage et de l'argent, chacun peut atteindre l'impensable… sans effort, sans Amour, et sans lutte avec soi-même. Ils ont inventé une méthode plus facile, pensent-ils.

 

Et les résultats sont là pour le prouver. Les reprises sont précises et presque disciplinées, martelant le sol sans élégance. Les cavaliers sont assis sur un cheval mécanique. La réalisation ultime de l'erreur, rendant laid un mouvement qui était magnifique.  Il n'y a plus de poésie.

 

C'est pourquoi les techniques et méthodes du Rollkur devraient être observées et visionnées par tous. C'est une opportunité formidable de ressentir et voir les résultats fournis par des émotions négatives dans ce qu'est aujourd'hui le monde du cheval. Il n'y a plus de vie, de personne, d'individu, juste une activité qui ressemble à celle des marionnettes.

 

Nous sommes ici pour apprendre. Pas pour juger. Néanmoins, nous nous devons de discriminer et de refuser ce qui est faux quand la vie a été assez généreuse pour nous avoir montré le Juste.

 

Après ces expériences et de par ce qui a été dit plus haut, nous pouvons voir et réaliser que ce n'est pas en restant silencieux et poli, mais poli et debout sur nos deux pieds que nous pourrons changer les choses, leur montrer que nous ne sommes pas dupes. Il faut cesser de regarder ces cavaliers comme s'ils étaient des exemples divins. Passer son chemin n'est pas suffisant, nous devons clairement élever nos voix contre la FEI à Lausanne. Tout le monde devrait leur écrire et augmenter le poids de notre inquiétude pour que le dressage ne devienne pas l'ultime et désastreux spectacle de l'échec dans la « recherche de l'union avec l'ensemble ».

 

Envoyez vos lettres à la FEI à Lausanne, Suisse. Tous ensemble mais individuellement. Un groupe de gens d'horizons et d'organismes différents peut être très puissant.

 

Le site de la FEI : www.horsesport.org

 

Nous devons remercier nos chevaux pour nous montrer ce qui est Juste. Ils sont des enseignants et ils sont très patients.

 

Par Catherine Iselin




02/03/2008
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